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annetadame

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Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

Publié le par Anne Dejardin
Vague à lire Jullouville

Vague à lire Jullouville

Une histoire… Pour qu’elle soit bonne, il faut un bon début. Sauf qu’avec la libraire de Jullouville, ça avait plutôt commencé par une maladresse.

Après présentation à la libraire de mon livre… diffusé par Daudin, je lui demande : « Vous connaissez Daudin ? » A quoi elle me répond aussi sec et assez fraîchement : « Oui, Madame, je connais mon métier ! »

Là c’était mal parti entre nous. Et après un tel début, ça pouvait même se terminer là. Fin de non-recevoir de sa part et une visite pour rien de mon côté. Enfin pas tout à fait pour rien dans mon cas : puisque j’avais dépensé 5,95€ pour l’achat par politesse de la revue Happyness. C’est que ça coûte presque la moitié d’un livre aujourd’hui un numéro de mensuel !

C’est qu’il existe un budget hors budget pour l’autoédition, un budget occulte qui n’apparaît nulle part pour les achats en librairie à chaque fois que je vais présenter mon livre. Question de politesse ! C’est un budget qui n’a pas été provisionné, mais aura été bel et bien dépensé. Une sorte d’enveloppe parlementaire.

Oui, Madame, je connais mon métier, elle répond et là je sens qu’on est très mal. Mais ma maladresse est si énorme, le qui pro quo si incongru que j’éclate de rire : « Ce n’est pas du tout le sens de ma question. Je ne  mets pas en doute votre compétence. C’est moi qui ne connais rien à mon métier d’écrivain autoédité. » Je vois à son visage qu’elle me croit. Je n’ai pas besoin d’expliquer que quand j’ânonne « dif-fu-sé-par-dau-din » je n’ai pas plus d’idée de ce que je raconte, que celui qui apprend une langue sur le tas en vivant dans un pays étranger et qui sait seulement que dans telles circonstances on prononce ça et c’est tout. Daudin, c’est qui au juste, une boîte, un hangar, un vieux monsieur qui stocke des livres et qu’on appelle lorsqu’on veut en recevoir ? Il est sympathique ? Il est connu ? Il fait bien son boulot ? C’était cela le sens de ma question, l’occasion pour moi d’en connaître un peu plus sur le bonhomme !

Au lieu de se fâcher davantage, la libraire reconnait la franchise dans mon explication et d’elle-même me propose une dédicace… ou même deux pendant juillet et août !

Cette fois je peux ressortir rassurée et contente. Certes j’ai frôlé l’incident diplomatique mais réussi à rattraper le coup juste en étant moi-même, honnête et naturelle, mais avec mon atout majeur : l’autodérision. J’en suis quitte pour une frayeur passagère. L’autoédition, ce n’est pas sans risque !

Dehors j’ai pensé : c’est le métier qui rentre !

http://www.daudin-distribution.fr/

 

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Publié le par Anne Dejardin

Espace Culturel Granville

Espace Culturel Granville
Vous le trouvez ? Plutôt bien placé, non ?

Vous le trouvez ? Plutôt bien placé, non ?

Un accueil convivial et une responsable à l'écoute qui n'hésite pas à commander sans tarder des exemplaires de "La vie en face... ne vous déplaise" et à les placer bien en vue.

Un espace livres des plus agréables... Ceux des collections moins chères et plus abordables présentent sur le ventre, pour les plus chanceux d'entre eux, de petits cartons manuscrits où le client peut lire l'avis de la libraire. C'est le must ! On déambule ainsi autour des tables où les livres sont empilés et on se sent conseillé, guidé dans un endroit où livres et clients sont choyés. 

Merci.

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Publié le par Anne Dejardin
Pousser la porte

Pousser la porte. C’est simple. Il n’y a qu’à pousser la porte. Enfin théoriquement. En réalité il faut effectuer un choix. Tirer ou pousser, en un éclair faire le bon choix pour éviter de s’écraser le nez sur la vitre, rester digne, soigner son entrée. Et sourire.

Le parking le plus proche est plein mais un passant me fait signe qu’il libère une place. Je lui souris, son amabilité me réchauffe le cœur, j’y vois un signe favorable, la chance est avec moi. Tout va bien se passer.

Je n’oublie pas l’objet précieux, celui qu’il va falloir présenter accompagné d’un flyer communiqué-presse à laisser derrière moi comme une trace. Le texte est d’Anaelle, résumé, illustration de la première page, le dessin de Julie, cette femme sans visage me regarde sans un sourire auquel me raccrocher, sa peau brillante a la couleur du sucre glace rosé des gâteaux d’anniversaire. Nous voilà face à face et je me sens bien seule. Et si je l’envoyais se présenter elle-même… C’est oublier qu’elle n’a pas de bouche.

Il pleuvine ce matin. C’est ce temps pluvieux de mon enfance belge qui me ramène à la mémoire des termes de mon pays : pleuviner… Et c’est comme si la marée l’avait abandonné au milieu de la laisse, bien en vue sans qu’on sache où elle l’a déniché et si elle le remportera la prochaine fois vers une mer d’oubli plus ou moins intermittent. La pluie fine risque de tacher le livre. Il faut le mettre à couvert. Je n’ai pas de parapluie mais pour le protéger lui j’ai tout ce qu’il faut.

Pousser la porte. Premier saut d’obstacle réussi : elle est automatique et s’ouvre toute seule. Vaste entrée qu’il me faut traverser pour atteindre le comptoir derrière lequel ils sont deux, un homme et une dame occupée avec une cliente. Encore il faut choisir entre les deux. Je salue sans m’adresser à personne. Mes yeux indécis vont de l’un à l’autre. Il faudra bien me diriger vers le monsieur. Je regarde les colonnes de livres, il y en a partout, au milieu de la pièce, à gauche à droite, au plafond, mes yeux comme des billes roulent en tous sens et ne se fixent pas, voilà qui doit accentuer mon aspect affolé. Dehors un vent glacial et vigoureux m’a transformée en épouvantail. Pas le moment de rattacher les cheveux en bataille qui, échappés de ma pince, renforcent mon allure d’échouée. Comment me les lisser, même subrepticement, les deux mains occupées par l’emballage plastique, le livre et le flyer ? Je finis par me tourner vers le patron, comme on se jette à la mer. Avant même que je n’ouvre la bouche, ça sent le naufrage.

Il faut tendre le livre, réciter qui je suis, dire un petit mot d’un bouquin indéfinissable au point qu’il semble plus rapide d’énoncer tout ce dont il ne parle pas ! Je lâche le mot « biographie-fiction »... J’en étais très contente, c’était une trouvaille d’Anaelle, je trouvais qu’elle avait tout compris, qu’elle m’avait bien cernée. Au libraire, je tends ce mot comme quelque chose qu’on brandit, mais lui il se méprend, il doit le prendre pour un signal de détresse de quelqu’un qui se noie. Je dis c’est une biographie fiction et aussitôt ses yeux à lui aussi roulent dans leurs orbites, en commençant par le haut, il lève les yeux au ciel, à croire qu’il fait un rapide inventaire des livres qu’il a exposés sur les étagères les plus hautes. Mais ça ne doit pas être cela. Je sens bien que le mot génial ne lui plaît pas, il est du genre rigoriste, il ne plaisante pas avec les classements, dans son métier ça doit l’aider, je veux bien l’admettre, pas question de fusionner le rayon biographie et le rayon fiction, vous imaginez le bordel, non, semble-t-il me dire, c’est une biographie ou une fiction, ma petite dame, avant d’écrire, il faudrait être capable de distinguer les poires des pommes. Je ne lui donne pas tort. Il n’a pas le monopole de la rigidité. Que de fois n’ai-je répété qu’on n’additionne pas les pommes avec les poires ? Je tente de faire diversion en lui proposant une séance de dédicaces. Sa réaction est pire que si je lui avais proposé d’entrée de jeu un truc sexuel inconvenant. Il dit qu’il n’organise pas ce genre de choses et je me ratatine sur place, que ça ne marche pas, qu’ils organisent le salon du livre en été, ils, les autres, on ne saura pas qui, le ton est méprisant, c’est un bide, il dit. On le croit de suite, on est triste pour ceux qui se donnent tant de mal. On ne veut pas approfondir. On voudrait juste que ça s’arrête, on mesure le nombre de pas qu’il faudra faire pour atteindre la porte et se retrouver dans la sécurité chaleureuse du trottoir battu par la pluie et le vent déchaîné. Lui, ah oui, lui, dit-il, il organise des événements, mais alors c’est des grands événements, il fait venir la presse, il dit, je ne dis pas que vous… Il ne finit pas sa phrase, je la finis pour lui, oui, bien sûr je comprends, je ne suis rien, je le sais, je ne suis personne, pardon d’avoir demandé, d’avoir osé solliciter… Je vais esquisser un pas en direction de la porte, le hall est immense, le traverser à reculons ne sera pas chose aisée. A partir de là, c’est la débandade, bientôt sonnera l’hallali. Je profite des dernières minutes de sursis pour faire diversion, il me reste un va tout, je le jette sur la table avec ce qu’il me reste d’humanité, car bientôt je ne serai plus qu’un cloporte, je tends vers lui la main qui tient le livre, regardez comme la couverture est belle, Mon Bon Monsieur. Ça sonne pitoyable, c’est ce que je me dis. Bravement je continue : l’illustration est d’une jeune artiste locale… Incroyable, j’ai réussi à rallumer quelque chose de vivant et d’humain dans son œil ! Nous voici deux humains face à face se parlant d’égal à égal. Il attend. Un coup de stress terrible : un instant je crains le trou de mémoire, un nom que je dis constamment, qui jamais encore ne m’a échappé, il ne peut pas me faire cela… Et non, finalement il ne me le fait pas, il est là à la pointe de ma langue et se prononce tout seul d’une voix claire et confiante : Julie Bourdais. Chaleur consécutive au soulagement qui irradie dans tout mon corps. En face un signe de tête négatif très bref, la tête reste tournée à la fin de la négation comme on balaie un problème, le corps suit la tête et s’éloigne, tout intérêt définitivement éteint. Il n’y a plus rien d’humain dans la rencontre. Le cloporte n’a plus qu’à aller se mettre à l’abri.

Est-il encore question de partir avec dignité, imiter l’autre en face, comme lui tourner la tête, puis le corps et suivre les pieds qui marcheraient vers la sortie. Un repli stratégique adéquat. Un sursaut de fierté, je ne partirai pas à reculons en saluant comme un courtisan éconduit par un roi grincheux. Mais il faut une conclusion, trouver une chute, c’est bien la spécialité des auteurs, eh bien la voici : je fais une sortie pathétique à regretter la bonne grosse chute, face écrasée par terre, souffle coupé et tout autour des livres amoncelés dans un désordre cauchemardesque tombés comme des dominos parce que entraînés dans la mienne, je sors en récitant une litanie d’excuses…

Mais il arrive aussi que ça se passe bien. Genre je pousse la porte et je suis bien reçue. Je ressors toute heureuse. Mon Homme m’attend dans la voiture garée tout près. Je le rassure et exhale un soupir de soulagement en m’affalant sur le siège passager. Ça s’est bien passé, je dis. J’ai été bien reçue. Je suis contente. Après, ça se passe moins bien. C’est quand il commence à poser des questions précises du genre ils sont d’accord de commander des exemplaires ou ils sont partants pour une séance de dédicaces… Et surtout après que je réponds je n’en sais rien… En fait je n’en ai pas la moindre idée.

Après plusieurs visites à des libraires et de telles réponses de ma part, il a décidé de prendre les choses en mains, histoire que je connaisse mes objectifs sur le bout des doigts avant de « Pousser la porte ».

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Publié le par Anne Dejardin
Un début prometteur...

 

Il est paru ! Jusque-là personne ne l’avait vu, on avait bien l’exemplaire prépresse. Un peu plus rosé que prévu, mais rien de fâcheux, ça lui fait le teint plus soyeux.

Dans le grand carton fuchsia, mes exemplaires à moi, ou plutôt à mon amoureux, c’est lui qui viendra vous le proposer, moi je ne m’occupe pas du côté commercial. Depuis qu’on m’a libéré du budget de la commune, je ne parle plus d’argent. J’ai tourné la page. C’est une femme d’argent, disait le maire en me présentant et ça le faisait rire. Il avait tort.

Mais mon livre, version numérique et version broché, est disponible sur…

Au casino on parle de la chance de celui qui joue pour la toute première fois. S’il y a le même jackpot pour le premier roman, je regrette alors d’en être à mon deuxième, une récidive en quelque sorte, je ne bénéficierai pas du coup de bol du débutant… De là à parler de malchance, non !

Il est paru, tout va bien, me reste à vous annoncer comment vous le procurer, surtout si vous ne croisez pas mon homme. Je ne vous dirai pas où il devait être disponible, ce serait une perte de temps et aussi remuer le couteau dans la plaie. En un clic, deux maxi, il devait être disponible… partout !

Ça c’était normalement, en principe, en théorie, pour tous les autres auteurs… Dans le cas de mon livre, allez savoir pourquoi, c’est un peu plus compliqué que cela devait être, mais ça devrait s’arranger, me rassure mon éditrice sans toutefois avancer de date.

Comme je vous l’ai dit avant, je l’aime beaucoup et le maire vous le confirmera : je ne suis pas une femme d’argent. Donc je ne dis rien et je continue à bien l’aimer. Mon éditrice, pas le maire. Est-il utile de préciser que je plaisante : il ne me lit pas.

Je vais donc vous aider à vous procurer mon livre et vous mener à la meilleure solution pour vous. Laissez-vous guider, voyez cela comme un jeu de piste de notre enfance. Un organigramme serait l’idéal, mais à l’ordi je ne suis capable que du basic.

Ainsi donc vous êtes de ceux qui n’achètent pas les yeux fermés et vous voulez le feuilleter avant de vous décider ! Allez alors sur le site de Publishroom. Je vous mets le lien direct, car si votre navigateur n’est pas celui qu’il faut, vous taperez « La vie en face… ne vous déplaise », même en écrivant le nom de l’auteure, vous arriverez à « page introuvable ». Je sais, c’est moche ! C’est là que le commun des mortels abandonne. Mais vous non, vous êtes très curieux de savoir ce que j’ai bien pu mettre dans une récidive vingt ans après. Alors il vous faudra retaper en toutes lettres « La vie en face… » jusqu’au bout. Oui, vous avez raison, les trois petits points, j’y tenais beaucoup, c’était une bêtise, ils ont fait suer tout le monde et même moi à la fin. Ensuite vous y êtes et vous pouvez feuilleter. Beaucoup trop à mon avis, un cinquième du bouquin, si ça vous plaît, vous hésiterez à acheter, de crainte qu’il s’agisse là des meilleurs moments et que tout le reste payant soit décevant, mais je ne suis pas éditrice. Alors je fais confiance. Faites comme moi. Feuilletez mais n’achetez pas, pas là, même si vous trouvez « ajouter au panier ». Les frais de port sont rédhibitoires, ajoutés aux taxes, mon livre vous reviendra à 20€. A se demander à quoi servait d’insister pour que son prix ne dépasse pas 15€…

Sur Amazon il est disponible en version Kindle. Sur le site de Cultura aussi. Mais ni vous ni moi ne lisons en numérique. Vous voulez un livre qui ait la tête d’un livre, déjà qu’à la naissance il était un peu plus rosé que prévu. Vous voulez tourner les pages, le lire au lit à la lumière de votre lampe de chevet, l’emmener avec vous pour les temps d’attente, en lire un extrait à votre ami, le sentir avec les doigts, les narines…

Laissez tomber Amazon alors. Ils indiquent en rupture de stock mais autorisent la commande. Vous ne serez débités qu’à réception, disent-ils. Le lecteur lambda qui est arrivé là, sûr qu’il se sauve en courant. Avant peut-être clique-t-il sur « neuf » via un vendeur externe mais cette déviation entraîne des frais de port de 2,99€. Mais vous n’êtes pas un lecteur lambda, vous êtes mon lecteur alpha, vous ne vous en tiendrez pas là. Vous me suivrez…

A la Fnac, vous le trouverez ! Il est là, vous n’aurez plus qu’à le commander. Vous ne le reconnaissez pas du premier coup d’œil. Normal, sa photo est vide, grise, anonyme. Il avance masqué, mais ça ne vous rebute pas, vous, ce qui vous intéresse, ce sont les mots, pas les images, vous êtes au-dessus du lot, attiré par le résumé, l’auteure, c’est vous mon vrai lecteur ! Vous serez récompensé et vous le recevrez rapidement sans frais de port, enfin 0,01€.

Ou alors et c’est la plus simple à la maison de la Presse de Saint Genis Pouilly, à partir du samedi 26 novembre, en pile sur une table, avec moi bien cachée derrière…

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Publié le par Anne Dejardin
Etre à la page

Qu’est-ce qui m’oblige après tout à « obéir » à Anaelle ? Puisqu’on sait tous que ce n’est pas Ziva, que son père ne dirige pas le Mossad, qu’elle est loin, que je ne risque rien… Pourquoi me suis-je prise au jeu de Facebook ? Voilà qui mérite réflexion !

A chaque difficulté me vient la volonté de trouver d’urgence la solution. C’est une sorte de réflexe de Pavlov développé dès mon plus jeune âge. Disons plutôt qu’on l’a fait naître en moi et on l’a entretenu. En particulier à l’école, en mathématiques dans une matière appelée plus précisément « Problèmes ». Là s’est forgée ma spécificité sur terre, j’étais celle qui est « bonne en problèmes ».  Ces histoires de baignoires qui mettent tant de temps à se remplir ou de trains qui se croisent… Allez savoir ce qui a bien pu me séduire là-dedans ! Sinon d’être presque toujours capable de trouver la solution. Et la vocation m’a habitée sans qu’on ait eu l’honnêteté de me prévenir que ces fameux problèmes n’allaient jamais cesser de se corser jusqu’à l’ultime : accepter avec sérénité sa propre mort !

Préparer sa présence sur Facebook, c’est la directive numéro 1 d’Anaelle pour la promotion. Je vérifie la terminologie exacte et je constate qu’elle n’a pas employé le mot « directive » mais « étape ». C’est plus soft en effet, plus efficace aussi, avec ce petit côté accessible. Etape. On pense au repos promis à chaque palier, on aura le droit de souffler… C’est un mot qui motive aussi avec sa notion d’échelon, il éveille l’envie du compétiteur sans le décourager.  Il s’agit de se rendre accessible, explicite-t-elle. Quoi ? Qu’a-t-elle dit ? Me recommander cela à moi, c’est sûr qu’elle n’a pas lu mon livre ! Le chapitre intitulé Trois Portails page 65. Toujours est-il que j’y suis allée sur Facebook, créer une page… C’est dire si elle est convaincante, Anaelle !

Une fois sur Facebook, écrire, publier, modifier des photos en y incluant un texte, trop bien, je réussis, ça prend des plombes, j’améliore, coller une étiquette, rajouter du texte, j’enregistre, encore du temps, il tourne, le petit cercle bleu sur l’écran aussi, j’attends, rien ne se passe, ça tourne, ça tourne, je me les  tourne, il tourne sot, les jolies modifications ne sont pas sur la page et à part tout recommencer il n’y a rien à faire, réessayer, ça vient d’Overblog, ça vient de Facebook, toujours sans succès, l’après-midi est passée. Ça ira mieux demain… ou pas. Mais souvent c’est le cas. Et on peste d’avoir insisté pour rien au lieu de remettre à plus tard ce qu’on voulait faire le jour-même.

Pareil pour m’inscrire sur Amazonmarket pour y vendre comme vendeur particulier mon premier livre… Trois jours il m’a fallu ! Mon téléphone qui devait me permettre de transférer aisément par mail les photos qu’il venait de prendre décide de ne plus laisser sortir mes messages, connexion au serveur impossible… Et ça lui prend comme ça, pile au pire moment ! Non, je n’ai touché à rien, je le jure ! Aller sur google, poser la question, lire 24 réponses, quel serveur, imap, pop, popom popom, type de sécurité, quatre choix, des lettres en majuscules, port, 993 ou 15, c’est du pareil au même pour moi, je fais ce qu’on me dit sans jamais comprendre de quoi on me cause, je les tente tous, une des réponses finit par être la bonne, ça remarche, une autre demi-journée… et plus aucune idée de ce qui a fini par marcher… une autre demi-journée sera perdue quand le problème se posera à nouveau.

Obtenir un avis ou une critique d’une bloggeuse littéraire, bonjour, me présenter, demander, moi qui n’ose pas frapper à une porte ou appeler une amie de peur de déranger… Me forcer, passer au-dessus de mes blocages personnels et discuter. Nouvelle expérience, répondre à trois personnes en même temps, ce n’est plus de mon âge tout cela, comprendre leurs abréviations, on se parle par mp, ok mais c’est quoi, taper « c’est quoi mp ? » et savoir qu’aussitôt je me colle une étiquette de dinosaure sur le dos mais me réjouir sagement d’avoir eu le nez de me présenter telle de moi-même au début… Des bénéfices de l’humilité…

J’obtiens des réponses, ils sont mignons tout plein ces gens que je sollicite, c’est vrai, drôlement sympas ces réponses d’êtres humains qui ne me connaissent ni d’Eve ni d’Adam et qui sont ok pour me lire et m’écrire un avis. On aurait presqu’envie de s’en faire des amis, si on avait du temps, mais ça on n’en a pas, ni eux ni moi. Mais comment ? Je n’y crois pas : ils demandent une version papier ! Alors si eux, les bloggeurs, ne lisent pas d’e-book, on se demande bien qui en lit… pas moi, c’est sûr, à part des trucs pas chers que je lirai en diagonale comme on zappe sur de mauvais films à la télévision. Ils veulent bien me lire mais version Broché. Il va falloir leur en envoyer à chacun et je compte sur mes doigts et je trouve que ça fait beaucoup de gens sympas... Ont-ils une idée de combien ça va me coûter ? Pour une chronique sur un blog que mes lecteurs potentiels n’iront jamais consulter, pas plus que mon blog ou ma page Facebook !

Parlons-en de ma page Facebook ! Elle se retrouve liée à mon profil et à mon journal Facebook, celui-là que je ne veux visible que par mes amis. Et je ne parle pas d’amis genre Facebook, mais bien d’amis triés sur le volet, et c’est ainsi que je préfère ignorer bon nombre d’invitations. Mais Maman, ça ne se fait pas tout, me dit ma fille horrifiée. Et voilà les deux liés, pire que des sœurs siamoises inopérables. Du moins c’est l’idée que j’en ai. Si la page qui parle exclusivement de mon livre est publique, mon journal le devient automatiquement ! Reste à restreindre ma page aux amis… et donc ma page ! Comme méthode publicitaire, il doit exister mieux ! Une publicité confidentielle et réservée aux amis avec qui on a de fréquents contacts et qui sont au courant… Génial pour moi qui ne veux être lue que par des inconnus, pas par ma famille. Extraordinaire Facebook : en résumé j’ai créé cette page pour du beurre, mais bien sûr il me faudra certainement sacrifier toute une autre journée pour trouver comment la supprimer…

Mais avant, juste avant, y publier un événement, oui ça je sais faire, en inonder mes amis, mes ennemis, ma famille, mes proches avec ce texte :

Urgent, cherche nègre bloggeur, son prix sera le mien, mais non pas pour écrire, ça tout le monde, vous, moi, chacun peut le faire lui-même, un nègre pour s’occuper des huit directives du plan de lancement du Publishroom. Je viens de créer une nouvelle appellation : le nègre bloggeur. Un ingénieur à la Nasa retraité, maîtrisant le français, conviendra aussi. Bon pédagogue, c’est finalement superflu, car je compte lui passer absolument toutes les commandes.

Quel budget, l’écriture !

 

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Publié le par Anne Dejardin
Ziva

Ziva

C’est l’histoire d’une promotion. Non pas que je sois promue, non, je suis plutôt désignée volontaire pour promouvoir mon livre qui est en prévente aujourd’hui.

J’ai bien reçu par mail un plan détaillé qui comporte huit directives pas moins. J’en ai pris connaissance hier soir, malgré un torticolis qui m’avait conduite chez l’ostéo qui m’avait fermement recommandé de me tenir loin de mon ordinateur pendant au moins deux jours. Mais qu’est-ce que l’avis d’un soignant à côté de la vie d’un livre, si courte, que je ne me sentais pas le cœur de perdre deux précieux jours à buller au lieu de le défendre, puisque la prévente était lancée ?

En quoi consiste la prévente ? - Je n’en ai aucune idée. En quoi est-il important que « des connaissances » aillent télécharger le e-book et laissent plus tard après lecture un commentaire ou à défaut plein d’étoiles ? - Pas plus. On me conseille toutefois de leur préciser d’éviter les cinq étoiles… qui pourraient sembler louche.

Je m’étonne : pour ma part, lorsqu’il s’agit de me décider sur un e-book dont je ne connais rien, même pas l’auteur, à moins de cinq étoiles, je ne clique pas… Mais j’imagine qu’Anaelle sait ce qu’elle fait. Ce qu’elle ne sait pas, par contre, c’est comment je me sens face au document joint qu’elle a négligemment glissé dans le mail qu’elle m’a envoyé. A-t-elle seulement trente ans, cette petite ? Charmante du reste, au téléphone, excellent contact, ni trop ni trop peu, physique à l’avenant, sa photo en noir et blanc sur Facebook me fait penser à Ziva, en mieux si c’est possible, au NCIS, Gibbs et compagnie, rêvons un peu, évadons-nous surtout…

A sa décharge, je suis bien certaine qu’elle n’imagine pas un instant comment je me suis sentie en ouvrant ce document joint, Anaelle, avec son visage d’ange. Alors voilà comment ça a fait dans ma tête, puis dans mon corps, au niveau de mon cou rigidifié par la douleur, et enfin sur mon épiderme… exactement comme sur quelqu’un qui se serait retrouvé aux commandes d’une fusée de la Nasa en partance pour l’espace et qui serait non pas content de mettre les voiles mais au contraire chargé de comprendre en 20 secondes, avec bien sûr dans les oreilles le tic-tac envahissant d’une minuterie où les chiffres rouges iraient décroissants, emprisonnant ainsi le regard, au lieu de le laisser consulter la vaste étendue du tableau de bord truffé de cadrans, le fonctionnement d’une navette spatiale pour stopper la programmation de son départ, alors même qu’il n’a pas le permis de conduire.

Contacter les blogueurs, je lis, blogueurs, déjà j’ignore comment on écrit ce mot issu d’un terme étranger, étrange, blogueurs, blagueurs, non ce n’est pas une blague… Il est bien écrit contacter les blogueurs donc, être visible sur Facebook, alimenter son propre blog, leur offrir le téléchargement du livre pour obtenir en échange une critique… dans un délai d’un mois ! Alors qu’ils sont assaillis de demandes de ce type ! N’est-ce pas plutôt s’assurer d’en recevoir une déplorable ? Bonjour, j’ai écrit un livre en autoédition sur le thème de la fin de mon activité professionnelle et le temps libre qui en découle, vous ne voudriez pas le lire et écrire une petite critique pas trop critique justement. Ce n’est pas un peu tenter le diable ça, demander un truc pareil à quelqu’un qui tuerait pour disposer d’un quart d’heure supplémentaire, de seulement quinze minutes disponibles en plus de ses 24h habituelles ?  

Se trouve jointe aussi une liste des sites de ces blogueurs qui lisent et critiquent les auteurs, même les autoédités. Il y en a une trentaine au moins ! Il faut sélectionner ceux qui se trouvent dans la mouvance de mon livre… Comment ? Mais aucun site ne l’est. Enfin voyons, Anaelle, il faut s’adapter à ses clients ! Je veux dire à moi. Tous les sites proposés sont tenus par des trentenaires pour les plus vieux d’entre eux, oui ceux-là-mêmes qui jonglent avec les commandes du tableau de bord, liker, page Facebook, profil, partager, invitation à aimer, … Alors au lieu de m’occuper de la prévente de mon livre, toute « plus du tout trentenaire » que je suis, j’ai un moyen infaillible, un moyen de dinosaure certes, pour me retrouver très vite « at the right place at the right time », moi aussi je baragouine l’anglais : je prends un stylo, je me cherche un cahier, un beau, un cartonné qui gardera ses pages sans qu’elles s’écornent même à l’usage, un tout neuf, oui une prévente le vaut bien, je l’ouvre, plaisir intense de l’instant où sur la  première page j’écris : c’est l’histoire d’une prévente…

« Ce que la chenille appelle la fin du monde, le sage l’appelle le papillon. »

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Publié le par Anne Dejardin
Claire, Léa, Anaelle et les autres...

Tu l’as porté, rêvé, accouché. Tant d’heures de tant de jours et de nuits tu as vécu à son écoute, tu t’es soumise à ses volontés. Engendrer, c’est que du bonheur, c’est ce qui se dit, c’est ce que tu entends… Et aussi comme vous devez être fière ! Tu n’es pas d’accord, tu te sens en marge, différente, mais bien sûr tu n’oses pas le dire. Tu penses : pas de quoi être portée au pinacle pour un truc inscrit dans les gènes, une sorte de masochisme congénital dont tu serais atteinte. Pas moyen d’y échapper. De quoi pourrais-tu bien être fière, alors que c’est juste que tu ne peux pas faire autrement. Et si tu comptes les instants de bonheur, si, bien sûr, il y en a eu, mais comparés aux périodes d’angoisse et de doutes, tu ne t’y retrouves pas, c’est un marché de dupe ! Pourquoi le faites-vous alors ? C’est ce qu’on te dirait si tu avouais.

Tu l’as porté, porté encore, plus loin, plus haut en dépit de ta lassitude, tant d’actes répétés jour après jour. Il est comme un adolescent, il t’épuise, tu  l’aimes encore certes mais vraiment tu as passé l’âge. Vient le temps de passer la main. Il s’accroche. Un vrai Tanguy ! Heureusement le coup de foudre l’a épargné et il n’a rien contre les mariages organisés. A toi revient la tâche de tout arranger. Tu reprends espoir.

Tu l’as porté, rêvé, tu entends pour la cérémonie le parer à l’image de ton rêve, il sera tel que tu le voulais à l’origine, épuré et énigmatique, tu as demandé à ton couturier préféré de lui dessiner puis tailler un costume à sa mesure, et c’est bien de haute couture qu’il s’agit.

Tu l’as porté, mais aujourd’hui tu es prête à passer le relais, qu’une autre le soutienne, s’en charge, c’est le bon moment, c’est le grand jour,     tu ne trouveras rien à y redire, Léa, Claire, Anaelle, qu’importe qui est celle qui tire véritablement les ficelles, de la légitime de l’amie ou de la maîtresse, toutes tu leur tires ton chapeau et tu leur fais confiance.

Et cela arrive enfin : il n’est plus sous ta responsabilité, sa vie plus de ton ressort. Et même quand tu crois t’en être débarrassé, avoir coupé le cordon ombilical, il réclame encore ton intervention : il s’agit d’y apporter des corrections de dernière minute. Tu le trouvais pourtant déjà presque parfait, comme tous les parents qui regardent leur enfant, estampillé « bon pour le service », enfin presque, cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, une faute impardonnable ici, un mot inventé là, et des fautes d’orthographe encore après trois correctrices en plus de toi... Il suffit, le découragement guette.

Comme il te tarde de le confier définitivement. Pourtant on te dit qu’il vaut mieux retarder la date du mariage ? Comment, votre signature est une nouvelle fois nécessaire tout au bout du parcours ? Mais vous n’êtes que sa mère après tout… Est-ce que ça finira un jour ?

« Prenez le relais, Claire, Léa, Anaelle, c’est pour ça que je vous ai choisies, je vous le donne, à vous de croire en lui, de le porter, de faire advenir son meilleur ! »

Parce que pour toi le moment est proche où tu ne pourras plus le voir en peinture, il te tarde de partir en vacances, être en vacances de lui, vidée, vacance aussitôt comblée, tant d’autres tirent déjà sur tes basques pour réclamer toute l’attention que tu ne leur portais plus, monopolisée par les préparatifs de la cérémonie.

Voici l’heure des adieux. Tu le regardes s’éloigner, il s’estompe déjà dans ton souvenir… Allez, c’est le bon moment pour tourner la page !

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Publié le par Anne Dejardin
Peau d'Anne (suite et fin)

Ma peau prend l’aspect de ce que je m’impose : être une passoire. D’où son aspect granuleux, rugueux. Elle rend les armes.

Elle devrait être enveloppe qui maintient à l’intérieur ce qui a pour fonction d’être dedans et à l’extérieur ce qui doit rester dehors. Elle est séparation et au lieu de ce rôle, je la détourne pour lui assigner celui de filtre plus ou moins efficace et plutôt moins d’ailleurs.

Elle s’affole et tente par ses démangeaisons, ses moyens du bord à elle, de rouspéter, de me montrer que je fais fausse route, moi l’inconsciente qui vais au-devant d’une catastrophe dont je n’imagine pas les conséquences, ce minuscule eczéma imperceptible à autrui n’est rien à côté de ce qui se prépare si je ne fais pas machine arrière, si je n’appelle pas Claire Abrieux à Publishroom pour lui dire que nous sommes quittes, j’accepte de perdre le montant total de la facture, mais do not publish, please, qu’elle mette au pilori virtuel un manuscrit tel qu’elle l’a reçu, dans son état tout aussi virtuel.

Il n’y aura pas de bûcher, soit, pas de rédemption par le feu pour un tas de feuilles de papier, un ou deux clics tout au plus, go to trash ou supprimer et peut-être dans le meilleur des cas une demande de confirmation que Claire veut bien effacer le dossier marqué supprimé.

Ma peau finira par retrouver son aspect lisse et au toucher mes doigts seront peu à peu rassurés et s’abandonneront à la douceur de ce velouté d’avant auquel ils étaient attachés. Do not publish, Claire, please !

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Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #Autoédition
Choisir plutôt qu’attendre d’être choisie !

Il y a de ça dans le choix de l’autoédition. Se renseigner, comparer et choisir parmi les sélectionnés. Etre celui-là qui décide. Ils sont pléthore, plus acharnés à convaincre les uns que les autres, vantant leurs services, affirmant leur professionnalisme, affichant leur librairie fournie, étoffée, leur simplicité d’utilisation, leur efficacité. Eux aussi vivent avec leur temps ! Et ça se sent… En quelques clics tout sera décidé sans que vous ayez été contraint de vous déplacer, leur adresse à Paris est virtuelle et leurs bureaux s’ils en ont sont en province. Si vous rêviez d’être reçue dans un bureau austère, après avoir patienté dans une salle d’attente aux murs lambrissés où votre voix vous donne l’impression de résonner comme dans une église alors qu’elle se trouve réduite à un souffle entravé par l’émotion, tant l’heure vous semble aussi inespérée que solennelle, vous pouvez oublier. On vous offre au contraire une version « zen de A à Z » sans la plus petite perturbation émotionnelle avec pour unique dérangement sonore le cliquetis de votre doigt sur une suite d’encadrés « continuer » jusqu’à ce qu’il vous soit demandé de transcrire la suite de chiffres dorés, ceux en relief sur votre carte bancaire.

A mon âge ai-je encore besoin d’être reconnue ? Mon ego n’at-t-il rien perdu de sa superbe, malgré tout ce travail sur moi ? Il est urgent de me donner la permission de me contenter de me connaître moi et de me reconnaître telle que je suis : une femme qui écrit et veut donner aux autres la possibilité de la lire. What else ?

Que je sélectionne un éditeur ou que je sois sélectionnée par lui n’y changera rien. Dans les deux cas, je ne serai pas lue ! Alors vingt, cent ou trois cents exemplaires, quelle différence au fond ?

Alors pourquoi les avoir sélectionnés eux ? Qu’en pensait mon comité de lecture ? Avaient-ils recueilli l’unanimité ? Oui, moi aussi je me suis entourée d’un comité de lecteurs. Il n’y a pas de mal à copier leurs méthodes ! Et aussi pourquoi payer, plutôt que de cliquer chez ceux où tout est gratuit ? Par fainéantise, dirais-je. Et aussi parce que suivre un pas à pas d’instructions à l’impératif, quand ce n’est pas carrément à l’infinitif, non vraiment, j’ai passé l’âge : télécharger votre manuscrit en PDF, jusque-là je pouvais assurer, passer de Word à PDF, s’ils y tiennent, continuer, clic, nom prénom adresse, photo de couverture, comme vous y allez, là tout de suite ? Ben, j’écris moi, je ne suis pas photographe et encore moins graphiste… Et ce qui est gratuit, ça a un petit côté « bas de gamme », ça ne conviendra pas à la pointilleuse que je suis, à se mettre la rate au court-bouillon pour une histoire d’alinéa oublié ou à cause d’une certaine désinvolture dans le traitement des espaces avant ou après les signes de ponctuation. C’est ce petit côté « moche » d’un texte où on a tapé les espaces au petit bonheur la chance, qui heurte l’œil déjà agressé par la luminosité de la tablette, cette impression de « pas cher » que je ne souhaitais pas. Tout comme je ne fais pas les soldes, afin de ne pas avoir dans mon dressing une fripe que je ne porterai jamais et qu’on voudrait m’obliger à aller choisir pile durant une période fixée par autrui. Je n’ai jamais pu me soumettre à cette dictature. Je préfère au contraire choisir en toute liberté le moment où je me sens d’humeur à aller m’asphyxier et me faire hypnotiser sous les néons tape à l’œil dans des cabines dignes des vestiaires de piscine municipale aux miroirs déprimants.

Non, moi, j’ai décidé de payer ! Le comité m’a approuvée. Payer pour ne pas regretter mon choix. Choisir celui-là, choisir cet éditeur-là, malgré un inconvénient de taille : son nom ! Un nom inesthétique en plus d’être en anglais. Un nom qui ressemble à celui d’un logiciel assez connu. Qui aurait envie d’avoir cela écrit sur son livre ? Pire que de porter à même le t-shirt qu’on a acheté bien cher le logo de la marque elle-même, parfois aussi débile que le nom d’un des trois petits cochons ou encore homonyme de terme graveleux. Eh bien eux, c’est pareil.

Alors pourquoi eux ? C’est tout bête, à cause d’un relent, un zeste, un soupçon d’«Air du temps juste avant », celui où les gens se parlaient au téléphone. Je sais qu’à l’ère des scans, des mails et autres, ce genre de moyen de communication a une connotation certes désuète. A moi il a semblé délicieux, comme la voix de Claire Abrieux au téléphone, une odeur de douceur, de fraîcheur comme un chewing-gum à la fraise ou à la chlorophylle, une odeur de jeunesse aussi, de fleurs des champs, de prés dorés sentant bon un endroit où l’on se sent chez soi, où il fait bon vivre. Mais une communication téléphonique n’aurait pas suffi à emporter le marché, non, pour être choisi, élu parmi les nombreux sélectionnés, il a fallu la célérité d’une équipe de haut niveau : la leur a répondu instantanément au mail qui comportait une question ! Répondu au mail, pas à la question, les Petits Malins… Que contenait leur réponse, alors ? Une invitation à joindre par téléphone la responsable éditoriale, Claire Abrieux. Et le numéro composé par mes doigts encore habitués eux à enfoncer des touches sur le combiné d’un appareil téléphonique classique a répondu et on m’a passé directement Claire Abrieux en personne… Et c’est là que ça a commencé à chanter entre les notes parfumées de gentillesse agrémentées d’une fragrance de compétence (ou plutôt l’inverse pour un dosage heureux) de la voix de la responsable éditoriale un petit air de victoire : j’étais entrée dans la bonne maison d’édition et on passerait sur son nom qui sentait à plein nez la multinationale, les études de marché, les lobbies, le monopole,…

Après tout, personne n’est parfait !

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Publié le par Anne Dejardin
Peau d'Anne

Choisir son éditeur et le payer. Payer pour être accompagnée et lui laisser faire tout ce qu’on ne veut pas faire, tout ce dont on ne veut pas se charger, choisir la légèreté et ne pas chercher comment déposer un ISBN, ne pas s’enquérir d’un imprimeur, ne pas comparer leurs prix, leur laisser relecture et corrections, IVème de couverture, résumé et synopsis, biographie de l’auteure.

Payer encore pour être libre. Pourquoi l’autoédition ? Pour être son propre chef et vivre avec son temps. Payer pour avoir le droit de dire non, pour ne pas faire ce qu’on ne veut pas faire ou peut pas faire : devenir omniprésent sur le web, dans l’espoir de faire connaître son livre, lire tous ceux des autres et leur laisser des commentaires élogieux pour qu’ils vous renvoient l’ascenseur. Lire les blogs oui bien sûr, mais juste ceux qui vous accrochent un peu au hasard et uniquement quand vous en prend l’envie, ne laisser que des commentaires anonymes, juste parce qu’on a aimé, rester libre, libre d’aimer et de le dire en toute franchise, honnêtement, sans rien attendre en retour, ne pas pleurer auprès des amis un jour pour qu’ils laissent des commentaires à propos de mon livre sur Amazon…

La liberté n’a pas de prix ! La mienne chez Publishroom s’élève au montant que forment sur le chèque quatre petits chiffres côte à côte pour une formule e-book et exemplaires papier. Quatre, pas moins !

Mais quand tout est signé, lancé, payé, il y a la peau qui flambe. La peau qui rouspète à réclamer sur elle les ongles et leurs griffures. Ne se calme que sous leurs allers-retours. Comme un bébé qu’on berce qui reprend ses pleurs à peine le berceau immobilisé. La peau, l’enveloppe corporelle, la séparation d’avec la mère, il y a tout cela lorsqu’on évoque la peau. La peau qui a toujours fait autrement que les autres : allergie solaire du temps où ça n’existait pas. Elle chatouillait à rendre dingue mais en catimini, à la surface rien n’était visible du supplice qu’elle infligeait. Sous le soleil gris de Belgique il y a peu au point d’accuser encore aujourd’hui la proximité physique d’avec la mère. Une fois la Belgique quittée, le soi-disant coup de soleil guéri -un coup de soleil sur les poignets, les bras et les avant-bras, mais juste à la jonction entre intérieur et extérieur du bras, à la limite, la lisière, là où la peau est la plus fragile, la plus tendre, mais aussi la moins exposée, comment le soleil l’aurait-il dénichée ?- elle fait encore des siennes.

Il y a ce quelque chose qu’on n’assume pas : le fait de mettre au dehors ce qui devrait rester caché, occulté. Et toi, tu vas le mettre sur la place publique. Tu mériterais qu’on te fasse la peau. Et ce blog, n’est-ce pas vendre la peau de l’ours ? En vendras-tu un seul exemplaire ? Tes économies par contre fondront comme peau de chagrin. Tu ne sais plus quoi faire pour sauver ta peau ! Te protéger du soleil n’y change rien. Elle boursouffle, démange, se couvre de minuscules bosses rêches uniquement visibles du bout de tes doigts. Comme on tire à soi la couverture, tu te transformes en crocodile, une peau de dinosaure, tu auras de quoi te protéger, bien à l’abri en dessous, tu seras invulnérable aux flèches qu’ils voudront te décocher pour te fustiger, te faire regretter d’avoir tout déballé, exposé sur le trottoir ce qui ce doit de rester secret. Te voilà affublée d’une Peau d’âne qui te présente à présent aux yeux de tous comme une dégoûtante, une peau d’âne pour Annetadame. Peau qui pique, qui chatouille, qui irrite, qui alerte, peau lanceur d’alerte, peau cracheur de feu. Mais peau qui s’irrite beaucoup trop tard, plus de recul possible. Tu peux toujours te gratter, j’ai signé et je vais être publiée !

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