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annetadame

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Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

photographie

Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #photographie

LOU KA Ma, ça ne voulait rien dire ! Elle avait cherché sur Internet. Peut-être était-ce du breton. Ou alors du patois normand. Elle n’avait rien trouvé. Sans doute n’était-ce que la première syllabe de trois prénoms. Louise, Katrine, Mathilde. Le K étonnait, surtout en 1900. Quand était née Katrine Hepburn après tout ? Le temps passait si vite. Et cent vingt ans plus tard, Louise, Katrine et Mathilde  mortes ou encore vivantes, mais obligées de vendre la maison familiale, les trois sœurs restées un temps dans l’indivision après la mort de la mère, mais tant que la sœur célibataire y vivait, les autres n’avaient pas réclamé leur part d’héritage, du moins pas celle de la maison, après tout ce que Louise avait fait pour leur mère, les dernières années n’avaient pas dû être drôles, mais ne se plaignant jamais, et la culpabilité que Katrine en avait ressentie, baptisée Catherine, mais lorsque le père avait voulu faire coller au fronton la tuile gravée, LOU CA MA, elle l’avait arrachée de ses grandes mains et jetée par terre. Le carrelage en portait encore l’éclat. Elle avait crié et pleuré, elle n’était plus une petite fille, elle exigeait qu’on écrive son prénom avec un K ! Une pareille détestation de son prénom, allez savoir d’où ça lui venait. Ou alors déjà ses rêves de grandeur, sortir du lot, se faire remarquer. Catherine comme dans la chanson stupide, disait-elle, et d’une voix qu’elle éraillait sciemment elle avait hurlé plus que chanter « Catherine était chrétienne, lac zim boum boum tralala pouette pouette, Catherine était chrétienne, son père, son père, son père ne l’était pas… » avec des mimiques hideuses qui tordaient son joli visage, avant de passer à l’argument de la Sainte Catherine, coiffer Sainte Catherine, accusant ses parents de la vouer au célibat, comment de ce C de Catherine ils la clouaient au pilori, ce C bien visible de la rue par tous ceux qui passaient avenue Vauban. Mais Catherine savait y faire. Toujours le père levait les yeux au ciel, mais ne disait rien. La mère comme à son habitude préférait désamorcer. Elle parlait d’autre chose, réclamait de l’aide en cuisine ou ailleurs. Mais elle avait eu gain de cause, Catherine, et le K figurait toujours au début de la seconde ligne sur la tuile remplacée, légèrement enfoncée dans le crépi qui avait été d’un doux rose. Et celle qui était restée célibataire, ce n’avait pas été elle, en définitive, mais Louise. 

 

Mon intention :

Pour continuer mon travail Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires d’une station balnéaire de la Manche. Une photo par jour, c’était sur ma page La vie en face ne vous déplaise | Facebook. J’avais volontairement laissé hors champ la villa. Parce que, avais-je écrit, « à regarder seulement la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait ». C'est donc ce que je fais ici : pour chaque nom un bout de leur histoire dévoilé.

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Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #photographie

Je n’y reviens jamais. Enfin juste ce qu’il faut. Quinze jours par an grand max. Histoire de payer le jardinier. Il s’appelle Marcel, il a bien connu mon grand-père. Une autre époque. Avec lui je suis tranquille, même si à son âge, il ne peut plus qu’un petit coup de sécateur par ci un petit coup par là. Il est d’ici et il connaît tout le monde. Surtout ceux qui peuvent aider. L’antenne qui se détache et tape contre la façade, l’eucalyptus qui s’est couché… Avec les tempêtes il y a toujours quelque chose à réparer et je ne parle pas du toit. Le couvreur est de sa famille, je reçois des notes de 80 € chaque année pour quelques tuiles cassées. C’est pratique. Tant qu’il est là, je n’ai pas besoin de revenir plus souvent. Ou de prendre une décision. Le reste de l’année, la Michoudière reste fermée et c’est mieux ainsi. Quel nom débile vraiment et combien de fois la question c’était le prénom de ton grand-père ? Comme si on avait une tête à s’appeler Michou dans la famille des Paul-Etienne et Pierre-Laurent et des Jean-Noël ? Il n’a jamais voulu changer le nom. On ne débaptise pas ce qui l’a été. Comme si ça risquait de nous porter la poisse. Ce que ma grand-mère a pu insister. Et lui qui faisait exprès de dire la Michoudière en insistant sur le OU. On partira à la Michoudière dès le mois de juin. Viendrez-vous à la Michoudière en août ou au 14 juillet ? Une année, ma grand-mère a planté un rosier grimpant juste au pied de l’inscription. Elle devait penser qu’avec les années il aurait raison du nom. Comme elle avait gratté la terre, les épines allaient griffer les lettres de béton en surimpression. Le rosier a crevé. Le nom est resté. Bien visible depuis la rue. Qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir dans la tête, mon grand-père ? S’était-il rêvé un jour en un Michou au grand cœur qui tenait maison ouverte pour tous, passez quand nous voulez, reste dîner avec nous, quand il y en a pour quatre, il y en a pour cinq, … Avec chanter en chœur à la fin de la soirée puisque toujours Pierrot amenait sa guitare. Lui qui ne savait pas se faire cuire un œuf et ma grand-mère qui détestait cuisiner. Peut-être que je focalise sur le nom à cause de l’angoisse que la villa provoque chez moi. L’idée toujours latente qu’il me faudra bien la vendre un jour et toujours je repousse. Ce serait le trahir une deuxième fois. La première, c’est une autre histoire. La voiture est chargée et j’ai bien tout fermé. J’ai la clé ici. C’est bon, on peut y aller.

 

Mon intention :

Pour continuer mon travail Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires d’une station balnéaire de la Manche. Une photo par jour, c’était sur ma page La vie en face ne vous déplaise | Facebook. J’avais volontairement laissé hors champ la villa. Parce que, avais-je écrit, « à regarder seulement la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait ». C'est donc ce que je fais ici : pour chaque nom un bout de leur histoire dévoilé.

 

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Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #photographie
Sans la photo, c'est mieux !

Elle sourit en me regardant. Ses dents sont parfaitement alignées et blanches. Ses traits sont réguliers et son sourire avenant. Elle porte des cheveux longs, ramassés en une queue de cheval basse. Ils n’ont pas été tirés exagérément. La coiffure laisse voir qu’ils sont fournis, le volume de la tête en témoigne. La ligne n’est pas stricte, ne partage pas de façon parfaitement égale les deux côtés du crâne. Un peu de flou savamment étudié. La trentaine florissante. Elle porte un polo bleu clair et un pantalon gris recouvert pas un tablier. Son buste est légèrement penché, les bras tendus tiennent un manche de balai nettoyeur. Le seau à côté est posé sur un petit chariot métallique. Il suffira de le pousser, les roulettes assureront un déplacement sans effort. Ici on préserve votre dos avec un matériel adapté. Un panneau jaune à deux branches indique un risque de glissade pour cause de sol mouillé. Tout a été réfléchi. Rien n’est laissé au hasard. Ici on pense à tout. Aucun accident n’est possible. Derrière la jeune femme, on distingue un ascenseur. C’est rassurant, un ascenseur brillant de métal neuf. Il indique qu’il s’agit de bureaux, pas de maîtresse de maison sur le dos. Pas de patronne dure et exigeante, même s’il s’agit bien de nettoyage. On mène le travail à sa guise. Aux pieds des mules orthopédiques blanches qui ne heurtent pas le sens de l’esthétique.  Le reflet de mon pied chaussé d’espadrilles posé sur le rebord de la porte vitrée. C’est précisément là qu’elle l’a posé sans doute, celle qui sortait de l’agence, lorsqu’elle a écrit au feutre rouge j’en ai ras le bol. En haut à droite de l’image qui occulte la vitrine de l’agence de placement genre Manpower. La puissance de l’humain… Elle dont on ne saura rien ni du corps ni du visage ni de l’âge ni des  pieds des articulations de ses mains de son dos de la chaussure à part le fait qu’elle avait bien dû la poser là au même endroit que moi pour écrire cette phrase qui sautait au visage à chaque passage. On ne saura rien d’elle à part qu’elle possédait une bonne orthographe.

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