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annetadame

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Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

Publié le par Anne Dejardin
Je veux des coquelicots dans la Manche...

Des coquelicots dans la Manche, oui, j’en veux ! D’autres aussi apparemment puisque ce dimanche une marche était organisée à Granville.

Devant la mairie j’y suis. Seule parmi les personnes rassemblées. Je ne connais personne. Où sont les autres, ceux que je côtoie, qui mangent bio, dénoncent sur Facebook ? Le soleil brille en ce début septembre. Le temps dans la Manche ne pourra pas être incriminé. Deux orchestres sympathiques. Je me dandine. C’est plus festif, plutôt que de piétiner en attendant le départ du cortège. Il s’ébranle.

Je marche. J’ai écouté le discours. J’ai lu les pancartes. Il faut protéger les terres agricoles, contre l’urbanisation, contre les bénéfices de Nexity et Pozzo, amalgame avec la forêt amazonienne... Je ne me sens bien derrière aucune de ces bannières et je me dis qu’on n’est pas près de faire bouger quoi que ce soit, si déjà j’ai envie de faire valoir mon petit point de vue personnel.

Je marche, le soleil est radieux, le cortège bon-enfant. Je regarde les personnes autour de moi. Et elles, elles sont venues pour quoi ? Un vélo équipé d’un porte-enfant à l’avant comme on en voit aux Pays Bas, conduit par une mère écolo. Mais pour faire tenir le petit au casque en plastique rose-sûrement made in China- bien calme, on lui a mis entre les mains de quoi grignoter... Chips, viennoiserie ou autre cochonnerie... La mal bouffe ce sera pour dimanche prochain. Ce n’est pas gagné, le nouveau monde idéal. Il faudrait renverser tant d’habitudes qui facilitent la vie.

Je marche. Elles ne sont plus jeunes, des mères de famille dans la bonne trentaine, qui ont eu le temps de réfléchir, de faire leur choix. Qui en ont les moyens financiers aussi. Je marche. Des plus âgées comme moi. Je les regarde tout en songeant espérance de vie. C’est nouveau, chez moi, ce nouvel étalon de mesure. C’est plus cuisant encore ce matin que nous marchons ensemble avec l’espoir de changer quelque chose. Toi, là dix ans au plus, toi comme moi, vingt ou trente, si tu manges bio et fais tous les jours de l’exercice physique.

Je marche marche et trottent trottent les idées dans ma tête. Questions sans réponse du style, combien parmi elles vivent en HLM, combien sont des privilégiées avec de belles maisons et de grands jardins, maintenant que j’ai ce qu’il me faut, tant pis si les autres ne peuvent pas se loger, consommation du territoire, densification des centres urbains. Je marche. Pendant ce temps mon tracteur robot à batterie s’occupe de tondre mes trois mille mètres carrés de jardin. Je marche. La pollution par les batteries et l’épuisement des ressources, ce sera pour le dimanche d’après celui d’après.

Je repense à ce que mon maire m’a appris : mathématiquement si chaque famille a deux enfants minimum, trois plutôt dans celles qui marchent avec moi, en admettant que les parents gardent longtemps leur grande maison, qu’ils ne divorcent pas, combien faudra-t-il créer de logements une fois les enfants devenus grands ? C’est mathématique. Mais on continue à faire des enfants et à divorcer. Personne ne semble trouver que tout cela ne tient pas ensemble. Rien ne tient debout. Et qui les vend les terrains pour que l’urbanisation puisse avoir lieu ? Il y a bien quelqu’un au début de la chaîne qui empoche quelque chose. Celui-là qui viendra se plaindre en mairie qu’embouteillage, pas assez de routes, de ronds-points, de dos d’âne...

Je marche. Les agriculteurs utilisent les pesticides, font des réserves en prévision du jour où Macron ou son successeur se décidera à tenir ses promesses électorales, si si, ça finira par arriver. Sans faire de propagande, François Hollande a bien tenu celle où il disait vouloir augmenter le nombre d’enseignants. J’étais aux premières loges pour vérifier. Mais voilà que je reviens avec mon particulier, alors que je voudrais élever le débat, passer de l’individuel au général, à l’intérêt général. Toujours à ramener son petit « je », moi comme les autres. Nous marchons.

Pour marcher je me suis fait déposer en voiture, tout comme je me ferai reprendre. Quatre fois un trajet pour rien et l’essence et la pollution... Est-ce qu’il reste un dimanche dans le mois pour s’occuper de cela ? Nous marchons.

Nous marchons dans le système, dans ce monde que nous dénonçons un dimanche par an pour les plus motivés ou les plus amateurs de coquelicots. Chaque minute, à chaque endroit, quoi que nous fassions, nous marchons de pleins pieds dans le système.

Parce que moi toute seule j’aimerais bien des coquelicots dans la Manche, dans ma manche, sous le coude, dans mon carré de jardin.

 

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